Comprendre les réticences des agriculteurs à diminuer leur usage de pesticides

Comprendre les réticences des agriculteurs à diminuer leur usage de pesticides

Contexte et enjeux :

Réduire l’utilisation de pesticides dans l’agriculture est un objectif affiché des politiques publiques depuis près de deux décennies, mais les cibles ambitieuses n’ont cependant pas été atteintes (Guichard et al, 2017). Pourtant, il existe des alternatives agronomiques à une protection des cultures basée uniquement sur l’usage de pesticides sans pour autant réduire les rendements ou le profit (Lechenet et al. 2017). Il est donc important de comprendre pourquoi de telles pratiques ne sont pas adoptées.

Résultats :

L'étude de Benoît Chèze, Maia David, Vincent Martinet propose une analyse économique du rôle relatif de quatre attributs dans la décision d’adoption de pratiques permettant de réduire l’utilisation de pesticides. Les attributs considérés sont 1) l’effet du changement de pratique sur le profit, 2) l’augmentation de la fréquence des pertes de récolte de grande ampleur dues aux ravageurs, 3) le contexte administratif du changement de pratique (aucun, charte, mesure agri-environnementale, label), et 4) la réduction de l’usage des pesticide permise par le changement de pratique.

L'expérience de choix menée auprès de 90 agriculteurs français montre que le risque de perte de récolte joue un rôle significatif de frein à l’adoption, même lorsque le changement de pratique permet un gain économique en moyenne sur la durée. Le conditionnement du gain économique à un engagement administratif est également un frein. Le niveau de réduction de l’utilisation des pesticide ne rentre en jeu de manière positive dans la prise de décision que pour les agriculteurs qui pensent que les pesticides sont nocifs pour l’environnement et la santé.

Perspectives :

Ces travaux ont deux perspectives. La première consiste à utiliser les résultats pour éclairer la décision publique et la conception d’instruments incitatifs. Ils soulignent notamment le rôle de l’information (effet des pesticides sur l’environnement), mais aussi l’importance de mécanismes d’assurance permettant de lisser l’effet des pertes importantes de récoltes. Les résultats permettent également de calibrer le montant des aides nécessaires pour compenser les attributs qui jouent négativement dans la décision d’adoption.
La seconde perspective consiste à prolonger le programme de recherche et étendre l'analyse à d’autres déterminants, mais aussi à la question de l’acceptabilité des politiques publiques incitatives pour réduire l’usage des pesticides. Ce programme de recherche sera mené majoritairement dans le cadre du projet FAST (Facilitate public Action to exit from peSTicides), financé par l’ANR dans le cadre du PPR « Cultiver et protéger autrement ».

 

Bibliographie :

Date de modification : 25 juillet 2023 | Date de création : 01 décembre 2020 | Rédaction : Régis Grateau