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Contexte et enjeux

Le recyclage des matières organiques exogènes (MOE) en agriculture, sous forme brute ou après traitement, est fortement encouragé par l'Union Européenne dans le cadre d'une économie circulaire. En effet, ces MOE présentent des propriétés amendantes et/ou fertilisantes et peuvent donc permettre d'améliorer les propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols, avec des coûts modérés de mise en œuvre. Mais ces MOE peuvent également être source de contaminants, impacter la qualité des récoltes, de l’eau (lixiviation des NO ^-) ou de l’air (émissions de GES, NH ). Tous ces effets sont simultanés et nécessitent d’être évalués sur le long terme au fur et à mesure d’épandages répétés pour apporter des éléments de réponse déterminants quant à la pérennisation de la filière.

Pour évaluer la pratique dans son ensemble, nous avons développé une méthode multicritère (Obriot et al., 2016)¹ à partir de résultats acquis sur un essai au champ (QualiAgro) sur lequel différents types de MOE sont apportés tous les 2 ans à raison de 4t C/ha et 15 ans après sa mise en place. Pour ce faire, nous avons développé et calculé 7 indices de qualité des sols (biodiversité, activités biologiques, propriétés physiques, fertilité du sol, stockage du C, état sanitaire "total", état sanitaire "disponible") et un indice de qualité des cultures. Ces indices ont été construits à partir de paramètres sélectionnés à dire d’experts et de méthodes statistiques. Cette approche a permis d’évaluer les effets d'apports répétés de MOE en ciblant différentes fonctions qui traduisent différents services ou disservices écosystémiques et de différencier les MOE. Les différentes qualités de ces MOE ont conduit à des réponses différentes pour chaque catégorie d'impact, ce qui peut permettre de développer une démarche de sélection des MOE à utiliser en fonction d’un objectif d’amélioration d’une composante de la qualité des sols et/ou des cultures.

Bien que cet outil donne des résultats intéressants, il a été construit à partir d'un grand nombre initial de paramètres obtenus sur un essai de longue durée dédié à la recherche et qui pourront difficilement être acquis en routine par des agriculteurs (analyses chronophages, coûts trop élevés). Une première phase de travail a donc pour objectif de tester les effets du nombre et du type d'indicateurs dans les différents indices sur les résultats finaux.

Cet outil nécessite également d'être testé sur d'autres essais de longue durée dédiés à l'étude des impacts d'apports répétés de MOE sur la qualité des sols et des cultures. Il pourra être testé sur d'autres sites français mais également européens, qui ont été recensés dans le cadre du projet EOM4Soil par des collègues belges, pour diversifier notamment les contextes pédoclimatiques et le type de MOE.

En fonction des données disponibles sur les différents sites, cet outil pourrait encore être complété et amélioré en prenant en compte d'autres indicateurs pertinents et/ou indices.

¹ Obriot, F., Stauffer, M., Goubard, Y., Cheviron, N., Peres, G., Eden, M., Revallier, A., Vieublé-Gonod, L., Houot, S. (2016). Multi- criteria indices to evaluate the effects of repeated organic amendment applications on soil and crop quality. Agriculture, Ecosystems and Environment 232, 165-178

Missions du post-doctorant

1. Tester la réduction du nombre d'indicateurs à prendre en compte en sélectionnant de manière aléatoire ou ciblée un nombre limité d'indicateurs au sein de chaque catégorie d'indices et en étudiant l'impact sur les résultats.

2. Tester l'outil dans d'autres contextes pédoclimatiques et avec d'autres MOE après une 1^ère phase d'analyse des essais européens de longue durée existants et des données disponibles sur ces différents sites (en collaboration avec d'autres acteurs du projet et les gestionnaires de sites).

1. Enrichir l'outil en considérant d'autres indicateurs dans les indices existants (exemple des émissions de GES pour évaluer le service de régulation du climat, microplastiques dans les contaminants…) et/ou en développant d'autres indices

La mission du post doctorant consistera également à valoriser les travaux sous forme d’article(s) scientifique(s).

Contexte de travail

Ce post doctorat s'inscrit dans le projet EJP Soil EOM4Soil et plus particulièrement dans le WP3 Les travaux décrits seront réalisés à l'UMR INRAE-AgroParisTech ECOSYS (https://www6.versailles- grignon.inrae.fr/ecosys) localisée à Palaiseau (91). Cette UMR est composée d'environ 110 agents permanents dont une cinquantaine de chercheurs et enseignants-chercheurs. Les travaux de l’UMR visent à traiter d’une manière intégrée le fonctionnement des agroécosystèmes et leurs relations avec l’environnement. ECOSYS est organisée en 2 pôles scientifiques : Science du Sol-Ecotoxicologie et Ecophysiologie-physicochimie des interactions végétation-atmosphère. Les compétences et les approches scientifiques et techniques des différentes équipes de l'Unité sont mobilisées et mutualisées pour travailler sur des thèmes transversaux correspondant à différents services écosystémiques fournis par les agroécosystèmes. Ces thèmes structurants sont i) Gestion, production et recyclage de biomasses à des fins multiples, ii) Changement climatique et agroécosystèmes : atténuation et adaptation, iii) Exposition et effets des contaminants dans les agro-écosystèmes, iv) Diversité de la parcelle au paysage pour un agro-écosystème résilient ayant un impact limité.

Modalités d'accueil

La personne recrutée travaillera avec L. Vieublé Gonod et S. Houot (UMR ECOSYS) et A. Michaud (UMR INRAE- Institut Agro " Sol, Agro et hydrosystèmes, Spatialisation" de Rennes) qui sont impliquées dans le projet EOM4Soil. Le poste sera basé à ECOSYS 22, Place de l'Agronomie 91120 Palaiseau.

Le contrat (temps complet) d’une durée de 12 mois débutera à partir d'avril-mai 2023. Le salaire sera d'environ 2700 € brut mensuel.

Profil du candidat

Niveau minimal : doctorat (avec ou sans expérience post-thèse)

Compétences techniques et scientifiques souhaitées : agronomie, science du sol et/ou environnement Compétences informatiques : pack Office, R, statistiques et analyse des données.

Compétences linguistiques : anglais (courant)

Savoir-être indispensables : curiosité scientifique, dynamisme, rigueur, autonomie, capacité d'analyse et de synthèse

Candidature

Envoyer CV et lettre de motivation à Laure Vieublé Gonod (laure.vieuble@inrae.fr), Sabine Houot (sabine.houot@inrae.fr) et Aurélia Michaud (aurelia.michaud@inrae.fr) avant le 10/03/2023, pour une prise de fonction en avril-mai 2023.