Impacts des usages des sols et du changement climatique sur la biodiversité des eaux douces en France

Usages des sols, changement climatique et biodiversité des eaux douces en France

Contexte et enjeux :

Depuis le milieu des années 1980, la biodiversité dans les écosystèmes d'eau douce a baissé dans proportions plus importantes que dans les écosystèmes terrestres et marins. L'intensification de l'agriculture et l’urbanisation sont souvent citées comme les principaux facteurs à l’origine de cette perte de la biodiversité en Europe. A ces pressions s’ajoute le changement climatique, susceptible de devenir l’un des facteurs les plus importants, à la fois du fait de ses effects directs sur la biodiversité et des effets indirects via l’adaptation des usages des sols.

La situation de la France en termes de biodiversité des eaux douces est préoccupante. La liste rouge des espèces menacées de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) publiée en 2019 montre que sur les 80 espèces du territoire français, 15 sont menacées de disparition. Ce bilan se dégrade car 39% des espèces sont menacées ou quasi menacées aujourd’hui contre 30% en 2010. La France n'a pas été en mesure de se conformer aux objectifs fixés par la Directive cadre sur l’eau. Il s’agissait d'atteindre une bonne ou très bonne qualité des eaux de surface en 2015 pour 60% de ses ressources en eau. En termes d'état chimique, seulement 48,2% des ressources en eaux de surface françaises étaient de qualité acceptable en 2013. En termes d'état écologique, seules 43,4% des ressources en eaux de surface étaient jugées de bonne ou très bonne qualité. Ces chiffres cachent une hétérogénéité spatiale importante qu’il est important de prendre en compte pour étudier les déterminants des cours d’eau en France.

Résultats :

Les résultats empiriques indiquent que les cours d'eau situés dans des régions où les pratiques agricoles sont plus intensives – à la fois pour les cultures et les prairies – sont associés à une biodiversité en eau douce plus faible par rapport aux régions forestières. Les simulations montrent que le changement climatique est susceptible de renforcer ces impacts négatifs du fait des changements d’usages des sols induits par l’adaptation. Les résultats indiquent également que des politiques de réglementation l’utilisation d’engrais et du taux de chargement animal dans les prairies peuvent contribuer à améliorer la biodiversité des eaux douces et limiter les effets néfastes conjugués des usages des sols et du changement climatique.

Perspectives :

Ce travail sera prolongé dans le cadre du projet Cland notamment pour étudier les possibles synergies/arbitrages entre la préservation d’autres services écosystémiques. Il s’agit de services de régulation comme la séquestration de carbone ou services d’approvisionnement comme la production agricole. Ceci permettra de simuler les impacts de politiques win-win qui pourraient permettre d’augmenter les stocks de carbone dans les sols tout en améliorant la qualité des eaux douces. Ce travail permettra également de repérer des zones où la biodiversité des eaux est la plus menacée et où une action locale permettrait d’améliorer d’autres services éco-systémiques. Enfin, à ces solutions centrées sur l’offre, il convient également d’explorer l’impact de politiques du côté de la demande comme les changements de régimes alimentaires impliquant une réduction de la consommation de viande et plus de légumes, sur l’ensemble des services écosystémiques étudiées (qualité de l’eau, carbone dans les sols, biodiversité…).

 

Bibliographie :

Date de modification : 25 juillet 2023 | Date de création : 01 décembre 2020 | Rédaction : Régis Grateau