Thèse Margot Leclère

Introduire une espèce de diversification dans les systèmes de culture d’un territoire : articuler production de connaissances et conception dans des dispositifs multi-acteurs

Margot Leclère - Thèse de doctorat en Agronomie (UMR Agronomie, INRA)

Thèse de doctorat de l'Université Paris-Saclay préparée à AgroParisTech (l’Institut des sciences et industries du vivant de l’environnement)

Directrice de thèse: Marie-Hélène Jeuffroy, INRAE, UMR Agronomie

École doctorale n°581 : agriculture, alimentation, biologie, environnement et santé (ABIES)

Spécialité de doctorat: Sciences agronomiques

Thèse présentée et soutenue à Paris, le 29 Novembre 2019

Résumé :

L’introduction d’espèces de diversification, voie incontournable pour assurer la transition agroécologique, pose aujourd’hui une question majeure : comment produire de manière économe les connaissances nécessaires sur ces espèces orphelines de recherche ? Nous avons proposé et mis en œuvre une démarche articulant production de connaissances et conception, et combinant différents dispositifs multi-acteurs, pour accompagner l’introduction d’une nouvelle espèce dans les systèmes de culture. Ce travail s’appuie sur le cas de la cameline, introduite soit en culture principale soit en double culture dans les systèmes de culture de l’Oise, en vue du développement d’une bioraffinerie oléagineuse. Nous avons d’abord articulé un atelier multi-acteurs -regroupant agriculteurs, conseillers, chercheurs, ingénieurs en R&D agricole et industriels- et des essais de modalités de conduite de la cameline en double culture, conçus, gérés et évalués par des agriculteurs dans leur ferme. Cette approche a permis d’identifier des trous de connaissances et de produire des connaissances utiles pour la conception (ex : des règles de décision pour la conduite de la cameline). En parallèle, nous (chercheurs) avons conçu et évalué, au sein d’un réseau multi-local et pluriannuel de parcelles agricoles, trois itinéraires techniques de la cameline de printemps sans herbicide, en comparaison à l’itinéraire technique classiquement recommandé. Nos résultats montrent que l’augmentation de la densité de semis de cameline ou l’association de la cameline avec une autre espèce (orge ou pois) sont des leviers agroécologiques efficaces pour maîtriser les adventices dans la culture de cameline.De plus, le diagnostic de la variabilité du rendement, de la teneur en huile des graines, et de leur composition en acides gras, réalisé au sein de ce même réseau d’essais, a permis d’identifier (i) les principaux facteurs responsables (ex : le statut azoté de la culture pour le rendement), et (ii) les conditions environnementales (ex : fourniture d’azote minéral par le sol) et les pratiques (ex : association d’espèces) déterminant ces facteurs. La formalisation de ces connaissances, leur confrontation à la littérature scientifique, ainsi que leur partage et leur mise en discussion au cours de différents dispositifs d’échanges multi-acteurs au champ et en salle ont conduit à élargir la gamme des modalités d’insertion et de conduite de la cameline, conçues par les agriculteurs et adaptées à leurs conditions individuelles, lors d’un atelier de conception. Enfin, nous discutons en quoi cette combinaison originale de dispositifs multi-acteurs, permet (i) de produire à moindre coût des connaissances situées et génériques, utiles pour la conception, et (ii) d’outiller à la fois l’agriculteur-concepteur, le conseiller agricole et le chercheur, pour accompagner la diversification des systèmes de culture d’une région.

Site : https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-02528345

Voir aussi

Article issu de ces travaux, paru en 2023:

Leclère, M., Loyce, C., Jeuffroy, M.-H., 2023. A participatory and multi-actor approach to locally support crop diversification based on the case study of camelina in northern France. Agron. Sustain. Dev. 43, 13. https://doi.org/10.1007/s13593-023-00871-2

Date de modification : 05 juillet 2023 | Date de création : 16 juin 2021 | Rédaction : OR